Gen Z
La sociologie définit la génération Z, née entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, comme une génération qui se distingue par un rapport unique au temps marqué par la fugacité et la transition. Cette génération a une maîtrise instinctive des technologies numériques et des réseaux sociaux, maîtrise qui influence profondément sa perception et son expression identitaire. Pour cette génération, le temps est vécu en fragments éphémères dictés par un flux constant d'interactions virtuelles et de représentations. Le présent est perçu comme un carrefour des possibles où chaque action peut changer le cours des choses, accentuant ainsi la précarité et la fragilité des instants vécus. Cette temporalité volatile symbolise une capacité d'adaptation et de résilience face à l'inconstance, un effacement rapide de toute action.
Leur approche photographique révèle des tendances uniques qui reflètent leurs valeurs et perspectives culturelles. Les photos et les selfies sont des moyens d'expression identitaire, et permettent de capturer les aspects de leur personnalité, de leurs émotions et de leurs valeurs. Ces images oscillent entre des instantanés bruts, sans filtre, et des images plus posées, retouchées pour sublimer leur apparence. Elles sont déposées sur le fil d’un réseau ou noyées dans le flot d’une mémoire numérique instable.
Le projet photographique GEN Z se situe à l'intersection de ces approches, saisissant des instants spontanés tout en épousant une esthétique à la fois brute et picturale. Il propose une projection hors de la virtualité, un inventaire, une somme d’individualité comme identité collective, mettant en lumière la nature composite de cette génération et rendant compte d’une représentation inclusive de genres, de diversités et d'identités sexuelles.
Le choix d’un dispositif singulier et mobile, où les modèles sont avertis et conscients de l’intensité du processus de prise de vue incluant l’apport d’un éclairage déstabilisant, permet de capturer des portraits authentiques avec un double objectif : saisir la véritable essence de chaque individu et reformuler ce qui est considéré comme beau, sans prétention à l'être. Dans un espace resserré, la photographie opère à hauteur de portrait, ne dévisage pas, mais saisit le sujet offert au regard avec complaisance dans un rapport calculé ou dans l’effleurement d’un grain de peau, exhibant les défauts, et donnant à voir au-delà du sujet lui-même en saisissant une pulsion essentielle.
L’acte photographique opère ainsi par une distorsion des codes et par le biais d’une projection non maîtrisée du soi. Il redéfinit les normes de beauté et met en avant un temps mouvant, riche en pluralité et fugacité qui met en cause l’objectivité de notre regard sur cette génération, miroir dans lequel elle se contemple en redéfinissant les critères esthétiques et sociaux d’un monde en perpétuel mouvement.
Exposition Galerie Le Stockk Marseille - Juillet 2024
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